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Je cause santé mentale

  • Photo du rédacteur: Maud Rusk
    Maud Rusk
  • 23 janv. 2024
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 janv. 2024

Je viens de terminer l'écoute du documentaire Onde de choc (TVA QUB) à propos du suicide de Gaétan Girouard, le journaliste et animateur aimé par la population, mort à 33 ans. Comme j'ai pleuré. Je pense aussi à une belle femme qui vient de s'enlever la vie dans mon entourage, de mes deux cousins qui ont aussi mis fin à leurs jours les dernières années. Je continue ? D'un bel Italien, Claudio qui est mort à la suite d'un épisode de psychose. Je ne parle pas du cafouillage de la police et du milieu correctionnel dans cet événement, car à l'époque, les forces de l'ordre n'étaient pas habituées à gérer les problématiques de santé mentale comme elles le font aujourd'hui.


Il m'apparaissait évident qu'un des premiers billets de mon carnet devait porter sur la santé mentale. Tant qu'à avoir une tribune, autant contribuer positivement à la collectivité. Je nomme des gens dont la santé mentale souffre, mais je suis la première à qui cet enjeu parle régulièrement.


Il y a près de 15 ans, une amie m'avait demandé si j'étais anxieuse. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle disait. Force est d'admettre que oui, l'anxiété fait partie de mon quotidien. Même si je mets en pratique différents outils pour atteindre un état de calme, la grande agitation intérieure est toujours présente.


Aujourd'hui, c'est la Journée Bell Cause pour la cause.


Bell Cause pour la cause invite la population à poser les gestes suivants pour la santé mentale au Canada. La campagne de cette année, intitulée «Créons de vrais changements», invite à s'impliquer et donne des exemples à utiliser dans les foyers, les écoles, les lieux de travail.


  • Engagez la conversation contre la stigmatisation;

  • Appliquez des stratégies favorisant une santé mentale positive (voir plus bas pour mes outils);

  • Guidez vos proches qui ont des enjeux de santé mentale vers des ressources;

  • Ralliez-vous au mouvement et partagez vos actions en utilisant le mot-clic #BellCause.


Ce n'est pas beau, mais c'est pour la cause !


Depuis des années, je me gratte les doigts. C'est un méchant fun pour mon nouveau chaton qui voit ces gratouilles comme des proies en mouvement. Peut-être que ça m'aidera à me calmer un peu le pompon. ATTENTION ! Le noir sur l'ongle est le fruit de billets de loteries reçus à Noël.


La création de ce blogue est justement pour me calmer et mieux me réaliser.



Question rhétorique, mais...

L'accompagnement au mourant et le deuil sont-ils dans le DSM-5 ?


Les deux dernières semaines de vie de maman à la maison, nous avons dû procéder à des injections sous-cutanées aux 4 heures afin de la soulager. Notre mère voulait demeurer à la maison le plus longtemps possible. Nous avons fait ce que nous pouvions pour exaucer son souhait.


Cela a amplifié le stress. J'ai développé de l'urticaire. J'avais l'impression de lui injecter la mort à petites doses. Sur le plancher du salon à St-Émile, j'essayais de dormir un peu entre les doses de @Morphine, de @Décadron et de @Robinul. Plusieurs fois incapable de me reposer, je lisais sur les soins de fin de vie. Le temps de quelques jours, j'ai lu tous les Palli-Science et Merk Manuals de ce monde, les sites de soins palliatifs et sur le cancer.  Cette dermatose inflammatoire (urticaire) ne me lâche plus aujourd'hui. Bienvenue aux plaques rouges, à la face qui brule et à la peau qui enfle à la moindre égratignure.


LA MINUTE CONNAISSANCE

Si ces minutes de précieuses lectures peuvent servir à d'autres, et bien tant mieux.


Dans le public, la morphine est souvent associée à la mort, probablement parce que celle-ci est prescrite plus souvent ou en plus grande quantité à la fin de la vie. En effet la douleur augmente à ce moment et les besoins du malade en morphine augmentent aussi. Le public est surpris de la rapide évolution du malade : « il jouait aux cartes hier, il est en coma aujourd'hui : que lui ont-ils donné? » De là à conclure que la prescription de morphine a causé le coma et hâté la mort, il y a un pas très vite franchi. Les familles sont donc parfois hésitantes à accepter que l'on soulage adéquatement leurs proches : ils ont peur qu'on abrège leur vie! Le bruit court que la morphine est toxique pour le coeur : c'est pourtant un mythe. Il est impérieux de le corriger, car cela mène à un traitement sous optimal des patients souffrants, victimes des pressions des familles sur les soignants. Même les médecins ont parfois l'impression d'avoir hâté le départ d'un malade en lui prescrivant de la morphine. Ils ont parfois une pauvre compréhension de la pharmacologie des opiacés, croyant que ceux-ci peuvent mener leur patient à l'addiction, déprimer la respiration et hâter le décès. En administration continue, ils parlent parfois d'euthanasie lente. Mais est-ce vrai? La morphine est-elle une amie ou une ennemie du malade en fin de vie. Hâte-t-elle vraiment la mort? La question est de grande importance. Quand on sait le bénéfice remarquable pour le malade d'un traitement adéquat de la douleur, on comprend toute l'importance qu'a une information juste du public et des soignants en la matière.



La clé : être bien accompagnée


Je dois absolument remercier les précieuses infirmières et la médecin de maman qui ont été des guides extraordinaires et d'une compassion inouïs avec ce que nous vivions comme proches aidantes. Je n'aurai jamais assez de mots ou de billets pour remercier suffisamment l'équipe du CLSC La Source Nord dans cet intense épisode de vie.


Avant que maman termine ces jours à Michel-Sarrazin, ces femmes du CLSC nous ont aidés à obtenir du soutien des Services intégrés de répit et d’accompagnement pour les personnes proches aidantes qui accompagnent à domicile une personne en fin de vie *. Elles ont toujours fait le lien avec Michel-Sarrazin pour l'obtention de services. Cette aide de la Maison est venue à point nommé pour contrer notre essoufflement à ma soeur et à moi, le manque de repos et notre santé mentale, j'oserais même dire. Durant plusieurs jours, des infirmières sont venues la nuit pour s'occuper de maman. Nous avons pu dormir et la savoir en sécurité. L'apport de la Maison Michel-Sarrazin et de ses équipes dans le vécu des personnes en fin de vie et de leurs familles fait toute la différence. GRATITUDE !


Il faut prendre soin de soi durant ces périodes difficiles, il en va de la capacité à rebondir ou de notre hygiène de vie ou de la santé de la relation avec nos proches. Demandez de l'aide si vous n'avez pas la chance, comme nous, de l'avoir reçue.


Pour connaître le service de répit et d'accompagnement :



Fuckin meaningless. Maman, je m'ennuie I don't wanna liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiive a meaningless life without you chante Charlotte Cardin


Cet automne, j'écoutais Charlotte Cardin dans l'auto en allant voir ma mère à la Maison Michel-Sarrasin. J'ai eu peur que ta musique, Charlotte, soit associée à maman qui s'en allait, mais non, c'est tout le contraire. Voir plus bas. Charlotte as a fuckin good outil pour la santé.


Santé mentale au travail


Mon carnet, mes essais est un blogue sur l'audace !!! Soyons donc audacieuse, OMG !@#$%?&* Je n'ai jamais parlé de ça publiquement. Soyons plus téméraire. #BellCause pour la cause.


Fin décembre 2017, j'ai quitté Équipe Labeaume en dépression majeure. La journée où je quittais le bureau, je devais absolument trouver de l'aide. Je me souviens être en larmes, effondrée, en crise dans le bureau d'un médecin inconnu. CLSC La Source Sud, 18h17 à Charlesbourg. Merci à la dame médecin bienveillante qui a rapidement vu (ma détresse). Ce n'est pas une erreur si j'écris le mot (détresse) en caractère 8, car ce mot me paraît encore aujourd'hui terrifiant écrit en grosses lettres. Diagnostique : dépression majeure. Cela prit plus d'une semaine pour comprendre que ma santé mentale était au plus bas, dans le fond de la cave ou de la douche (vous verrez pourquoi quelques lignes plus bas). J'ai quitté trop tard. Je n'avais jamais fait ce genre d'épisode auparavant.


Pendant plusieurs semaines, la seule position qui me faisait du bien, c'était la position renard roulé. Renard roulé dans la douche sous l'eau chaude.


Renard roux

Je me suis rendue trop loin dans le bore out. Le bore-out est un syndrome d'épuisement professionnel causé par l'ennui. Pour une travaillante comme moi c'est « malade » comment cela est difficile à avouer. En arrivant à l'hôtel de ville en 2013, je pensais faire (et j'avais envie) des journées sans fin. Ce fut tout le contraire.


Je n'ai pas inventé le terme du bore-out. De plus en plus de recherches se penchent sur ce phénomène voisin du burn out.


L’ennui au travail : quels risques pour la santé ?


Selon la littérature qui commence à se faire plus grande sur le sujet, passer ses journées à « tuer le temps » serait aussi nocif pour notre santé mentale et physique que l’excès de travail. Le fait de ne pas ou peu avoir de tâche à accomplir au travail enlève toute motivation. Il n’y plus de stimulation intellectuelle ou physique, plus de reconnaissance, et l’estime de soi dégringole. Le hamster tourne en rond et la fatigue est paradoxalement plus forte que quand on a trop de travail. Je pensais être folle, mais quand j'ai lu sur cela, ma souffrance a trouvé une correspondance dans ces explications.


Selon une étude anglaise de l'université d'Oxford nommée « Bored to death », ces habitudes provoqueraient chez les salariés qui souffrent d’ennui au travail un risque de développer des accidents cardiovasculaires deux à trois fois plus élevés que chez ceux dont l’emploi est stimulant. Être payé à ne rien faire ne serait donc pas un rêve, mais un cauchemar, nommé bore out.



Pour différentes raisons, je n'ai pas su prendre ma place et/ou la structure ne permettait pas l'émulation. Ne vous méprenez pas, j'ai beaucoup appris sur les municipalités, leurs enjeux, l'aménagement du territoire, etc. J'ai connu de FORMIDABLES personnes. Je me suis éteinte, me suis brisée. J'aurais aimé contribuer à la mesure de mon énergie et de mon esprit volontaire. J'ai nommé l'envie de travailler davantage à maintes reprises.


J'aurais adoré, Régis, devenir un bourreau de travail à tes côtés. Je rêvais d'apprendre avec les vieux loups de la politique que vous étiez, mais c'était difficile (un euphémisme) d'entrer dans votre giron.


Je sais que je ne peux dire ces choses publiquement. Mais si nous voulons retirer une couche de stigmatisation, nous devons dire les choses, même si elles ne sont pas confortables.


Ces propos qui reflètent mon vécu ne changent rien à l'apport incontestable de ce maire sur le développement de la ville. Ces premières années à l'hôtel de ville m'ont fait rencontrer un côté poche de la politique où la tension règne, où les élus ont presque « peur » des boss et où moins on en sait, mieux c'est. Je devais être naïve de penser que les choses se font en équipe et que l'entraide est la force du collectif.


Je me disais : on ne laisse pas Bébé dans un coin.

J'aurais dû partir si on ne m'invitait pas à la danse. Comme ankylosée, j'ai manqué d'élan pour me responsabiliser.



Cela dit, je comprends aujourd'hui que c'est mon manque de confiance en moi qui m'a tenue dans cette situation. J'en suis venue à douter de moi et à m'écraser. Une des marques de confiance qu'un employé peut recevoir, c'est l'obtention de mandats. S'il n'en reçoit pas. Que comprendre ? Je recevais comme indication que je j'avais peu de valeur professionnelle. J'étais bien rémunérée en plus. De quoi avais-je à me plaindre ? Encore tabou, la santé mentale et le bien-être en politique ?


M. Girouard était grandement talentueux et engagé et il n'avait plus à faire ses preuves. Ce n'est pas par manque de reconnaissance ou de stimulation que sa santé mentale en subissait un coup, alors quoi ?


Dans vos milieux, que faites-vous pour que les gens se sentent valorisés et que leur santé soit régulièrement un sujet de discussion ?


J'ai pris plusieurs années à revenir à mon plein potentiel et à retrouver la joie de vivre. J'accuse personne, mais ce vécu fait partie de mon histoire. Comment s'intéresser au bien-être de nos collègues ? Écrire cela me conscientise sur l'importance de le faire dans le futur pour mes prochains collègues.


La santé mentale au Canada en chiffres:


  • Un Canadien sur deux fait face à des enjeux de santé mentale et ne reçoit pas l'aide dont il a besoin;

  • Une personne sur huit a déjà souffert d'anxiété sévère;

  • Chaque jour, plus de 200 Canadiens font une tentative de suicide – douze en meurent.


Mes outils pour me sentir plus légère


Malgré les angoisses et l'anxiété, j'ai des moments de grâce, de calme et de joie. Mon chum, ma famille, les amis, cuisiner me font grandement apprécier la vie.


Voici quelques-uns de mes outils favoris.




Des ressources existent

Ce peut être difficile de les interpeller, mais parler aide à se retrouver.


Communiquez en tout temps, de partout au Québec, avec un professionnel habitué à parler ouvertement du suicide :


  • par téléphone : ligne téléphonique d’aide et de prévention du suicide : 1 866 APPELLE ou 1 866 277-3553;

  • par message texte (texto) : 535353;

  • par clavardage (chat) : Suicide.ca .




Ligne d’écoute : 1 800 263-2266


Ce service est destiné aux jeunes de 5 à 20 ans et offert par des professionnels. Il est confidentiel, gratuit et accessible jour et nuit




* Service proposé par la Maison Michel-Sarrazin en collaboration avec le CIUSSS de la Capitale-Nationale, le CISSS de Chaudière-Appalaches, Albatros Capitale-Nationale, Albatros Lévis, l’APPUI et l’Institut de soins palliatifs et de fin de vie Michel-Sarrazin-Université Laval avec le soutien du ministère de la Santé et des Services sociaux.


















2 comentarios


info
04 feb 2024

Ma très chère Maude, j’ai lu ton premier blog avec un grand intérêt et surtout, avec toute l’affection et le respect que tu mérites. Non seulement ton grand talent pour l’écriture me saute aux yeux encore une fois mais l’intensité des propos me rattrape dans ces zones que nous tentons de tenir bien camouflées. Tu sais nommer ce qui t’a fait mal et ce qui t’a fait perdre l’équilibre. Tu sais aussi reconnaître les routes qui soignent et nous les partager.

Je te félicite pour le chemin parcouru et je te remercie encore d’avoir fait parti de ma vie durant ces périodes mouvementées de la vie politique. Une chance que tu étais là, pour moi, tu étais une lumière dans…


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brummel9
25 ene 2024

Maud.. C’est avec un immense WOW que je te félicite et que je t´exprime ma plus grande admiration pour le contenu et le contenant de ton premier blogue. Autant les recherches, les détails pertinents, les informations, les références; tout pendant la lecture de ce blogue m’a passionné, m’a cloué dans mon fauteuil les yeux et le cerveau imbibés de ces sujets incontestablement interessants.

En 4 mots: gros BRAVO et ENCORE!

Ton beau-frère Marcel

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